Kanazawa, la petite Kyoto

Souvent surnommée la petite Kyoto, de par son passé historique glorieux, Kanazawa est une ville à taille humaine qui regorge d'endroits intéressants, et qui constitue un bon point d'ancrage pour visiter la préfecture d'Ishikawa.

Autrefois relativement difficile d'accès, Kanazawa est depuis 2015 relié directement à Tokyo par le Shinkansen, ce qui la rend accessible en à peine 2h30. Une extension de la ligne jusqu'à Osaka est également en cours de construction (avec d'abord une ouverture jusqu'à la gare de Fukui), ce qui permettra de faire un Tokyo - Osaka en longeant la côte ouest de l'archipel.

Conséquence du Shinkansen, la capitale de la préfecture d'Ishikawa attire désormais de très nombreux touristes (principalement des occidentaux), et en fait l'une des villes japonaises où la croissance du tourisme est la plus élevée (plein d'hôtels autour de la gare sont d'ailleurs en construction, dont un super hotel Hyatt dont l'ouverture est prévue en 2020, pile pour les JO !). Ne soyez donc pas surpris d'y croiser énormément de blancs ;).

Et c'est tant mieux, car cette ville, autrefois extrêmement importante culturellement, regorge de hauts lieux historiques tels que les quartiers de geisha, le jardin Kenrokuen... et est un excellent complément au fameux triptyque Tokyo / Osaka / Kyoto. N'hésitez pas à y passer 2 jours plein, il y a largement de quoi faire !

La gare de Kanazawa

J'ai toujours trouvé les gares japonaises extrêmement belles. La plus connue est sans nul doute la gare de Kyoto, mais les gares d'Osaka ou de Tokyo sont également de vrais réussites architecturales et, surtout, sont des lieux de vie assez intéressants, avec une tonne de restaurants, boutiques... Et, Japon oblige, tout y est toujours extrêmement propre et bien organisé !

La gare de Kanazawa ne déroge pas à la règle, et il ne faut surtout pas louper (c'est de toute façon assez compliqué !) l'immense porte rouge de la sortie est. Je pensais qu'il s'agissait d'un torii (que l'on retrouve souvent dans les sanctuaires), mais il s'agit en fait d'une représentation de deux tsuzumi, un tambour japonais utilisé pour le no, le théâtre japonais.

J'y suis passé régulièrement, et on peut souvent y apercevoir la TV (les locaux de la NHK étant juste à côté).

Le Kenroku-en

L'avantage de Kanazawa, c'est que tout peut être fait à pied. Depuis la gare, tous les principaux sites s'y trouvent dans un rayon de 2.5 km. Dans le cas échéant, il y a un bus circulaire (left loop et right loop) qui permettent de rejoindre les points d'intérêt depuis la gare.

L'un des endroits les plus célèbres de Kanazawa est sans nul doute le Kenroku-en. Considéré comme l'un des plus beaux jardins japonais, on peut notamment y voir la plus ancienne fontaine du Japon. L'endroit est en effet extrêmement apaisant, avec ses petites rivières, ses lanternes...

Si vous avez la chance d'y être en novembre, n'hésitez pas à profiter des illuminations nocturnes (jusqu'à 21h) qui sont, de surcroît, gratuites ! Même si le tourisme à Kanazawa commence à croître, on est encore très loin d'être les uns sur les autres (contrairement à Kyoto), et c'est vraiment très agréable.

A partir de novembre sont également installés les yukizuri. Symbole de la ville (on les retrouve un peu partout en miniature !), ces immenses fils permettent d'éviter aux branches de céder sous le poids de la neige (qui peut-être extrêmement abondante ici).

Le chateau de Kanazawa

A deux pas du jardin se trouve le chateau de Kanazawa. C'est assez rare pour être souligné, mais il est possible de rentrer dans celui-ci ! Hélas, comme souvent avec les châteaux japonais, je trouve que l'intérieur n'a que très peu d'intérêt (c'est... vide), même si celui-ci présente quelques particularités de construction qui sont intéressantes à regarder. Mais autrement, vous pouvez passer votre chemin et économiser les 600 yen (de mémoire). L'extérieur du château en revanche vaut vraiment le coup.

Jardin Gyokusen inmaru

Toujours à deux pas du Kenrokuen (pratique !), faites également un tour au jardin Gyokusen in-maru. Créé en 1634, son grand bassin central et ses petits ponts en pierre lui donne une atmosphère tout à fait japonaise !

Les musées de Kanazawa

C'est plutôt pratique car, à Kanazawa, la quasi intégralité des musées sont regroupés dans le même quartier, à deux pas du Kenrokuen.

Musée préfectoral d'histoire

Je vous conseille notamment le musée préfectoral d'Ishikikawa (en japonais 石川県歴史博物館). Faites attention car il y en a plusieurs avec des noms assez proches, mais celui-ci est simple à reconnaître avec ses trois bâtiments en brique rouge. Le musée dispose de plusieurs expositions permanentes et temporaires, mais vous pouvez sûrement vous contenter de celle sur l'histoire de la préfecture à 300 yen. Le musée retrace l'histoire du Japon depuis la période Jômon (15 000 avant JC) jusqu'à nos jours. Ne manquez pas également la "simulation de matsuri" (faites traditionnelles Japonaises), où un matsuri est retransmit sur 3 écrans géants !

Seul petit bémol (comme pour la plupart des musées au Japon), seule une toute petite partie des explications sont traduites en anglais.

Le sanctuaire Oyama

Encore une fois juste à côté du Kenroku-en, faites un petit passage au sanctuaire Oyama. Le sanctuaire en lui-même n'a rien de particulier, par contre son entrée d'inspiration Japonaise, Chinoise et Occidentale tranche radicalement avec les entrées traditionnelles.

Le marché Omicho

Kanazawa est également très réputée pour sa gastronomie et ses fruits de mer. Rien de mieux donc qu'un marché ! Bien qu'assez petit, le marché d'Omicho est idéal pour découvrir quelques unes des spécialités de la région. Les restaurants de sushi y sont plutôt chers, je vous conseille donc de vous arrêter plus tôt au xxx (il faut que j'aille retrouver le nom). C'est à la bonne franquette, sur des petites chaises en plastique (voir debout si c'est plein), mais les fruits de mer y sont absolument délicieux (n'hésitez pas à demander les Saint Jacques - hotate / ホタテ en japonais et la soupe au crabe - kani shiru / カニしる en japonais. Un délice ! Il y a également de grandes chances que vous tombiez sur des japonais curieux de votre présence ici qui vous taperont la discute :).

Les quartiers de geisha

Kanazawa est, avec Kyoto, l'une des rares villes (si ce n'est les deux seules ?) à disposer de quartiers de geisha encore en activité. Bien que leur nombre ait diminué drastiquement (il n'en resterait qu'une cinquantaine aujourd'hui), il est tout à fait possible d'en apercevoir au détour d'une rue dans l'un des 3 quartiers de thé : higashi chaya (le plus grand), kazuemachi chaya, et nishi chaya.

Je vous conseille de visiter le premier (bien qu'il s'agisse du plus touristique), le plus grand et le plus joli. Encore une fois, rien à voir par rapport à Gion en terme de fréquentation, et c'est plutôt appréciable ! Outre les maisons de thé et quelques restaurants cachés, vous trouverez également pas mal de boutiques d'artisanat et de cafés sympas.

A deux pas, en traversant la rivière, vous trouverez également le Kazuemachi chaya. Plus petite, il s'agit d'une rue principale. Le lieu a l'air bien plus secret et j'imagine que certains restaurants ne doivent être réservés qu'aux membres (ce qui est souvent le cas pour les maisons de geisha, où pouvoir assister à une soirée avec une geisha ne se fait que par cooptation.

Si vous avez un peu de temps devant vous, n'hésitez pas à explorer les alentours du higashi chaya. On y trouve plein de petits temples complètement vides !

Une soirée avec des geisha

En me baladant dans la ville, je suis tombé par hasard sur une publicité pour une maison de thé qui propose des "geisha evenings" pour les touristes. C'était un poil cher (entre 6000 et 9500 yen suivant la place), mais je me suis laissé tenté !

Les geisha sont entourées de beaucoup de mystères, et pouvoir assister à une performance me branchait bien. Bon, autant être clair : c'est extrêmement touristique. Ce soir là nous étions une quarantaine de touristes (à 99% européens) et le show (en anglais) est parfaitement rodé. La gérante de la maison de thé, Madame Baba (qui se fait appeler Lady Baba... je vous laisse imaginer sa blague d'introduction ;) !) est extrêmement dynamique et donne énormément d'informations sur le fonctionnement d'une maison de thé et quelques uns de ses code.

Notamment le système de paiement, assez original. Afin de ne pas introduire de notion d'argent pendant les soirées avec les geisha, la maison récolte l'argent à deux moments de l'année uniquement. Tout se fait donc à crédit, et est basé sur la confiance extrême entre la maison et le client. Si celui-ci venait à ne pas pouvoir payer, c'est la personne qui l'a co-opté qui devra s'acquitter des frais !

Chaque explication est entre-coupé de performance de deux jeunes geisha, à la fois musicale (avec des performances de shamisen - sorte de guitare japonaise -, ou de taiko) ainsi que ludique, puisque l'un des buts est quand même, comme souvent au Japon... de boire :D. Les touristes sont donc invités à jouer à des jeux d'alcool où le perdant doit boire !

Bien qu'un peu cher, je vous recommande vivement d'y passer une soirée. Non seulement parce qu'il s'agit d'une maison de thé encore en activité, donc authentique, mais parce que c'est aussi un moyen simple de se plonger dans un monde qui a toujours fasciné les occidentaux. Je regrette juste qu'il n'y ait pas eu d'explications sur la signification des danses (sans en dire trop, la danse de geisha - appelé buyo en japonais - est extrêmement gracieuse, et parait simple - voir simpliste - mais cache sans nul doute plein de significations qu'il est difficile d'appréhender sans plus d'explication).

Après une heure et demi de performance - et une sortie par la porte dérobée, élément indispensable pour les clients qui ont besoin de discretion -), on peut également y admirer la salle de thé recouverte de feuille d'or, dont Lady Baba nous dit qu'elle vaut "plus qu'une Ferrari neuve !".

Car Kanazawa est réputé pour être la capitale de l'or au Japon ! Et pour cause, grâce à son climat extrêmement humide (il a plu quasiment chaque jour pendant le mois où j'y suis resté), l'électricité statique y est extrêmement faible. Les conditions y sont idéales pour y perpétuer la tradition de la feuille d'or (extrêmement fine, de l'ordre d'un micron, si je me souviens bien). D'ailleurs, la feuille d'or qui recouvre le célèbre Kinkakuji de Kyoto vient en intégralité de Kanazawa !

La ville en a fait un argument marketing, puisque vous pourrez trouver notamment de la glace ou des sushi recouverte de feuille d'or. Je n'ai pas pu goûter mais ça n'apporte apparemment rien au goût... mais c'est bon pour le marketing !

A ce titre, si vous souhaitez vous initier à la feuille d'or, je vous conseille de contacter Hana, qui permet aux touristes de créer sa boîte à bento ou son assiette recouverte de feuille d'or. Non seulement Hana est extrêmement sympa (et parle un très bon anglais si vous ne parlez pas Japonais), mais l'activité est vraiment ludique (à faire avec des enfants !) et ça permet de manipuler de la véritable feuille d'or et d'en apprécier sa finesse extrême (le moindre mouvement brusque et toute la feuille est morte !).

Le plus simple si vous souhaitez réserver est de passer par AirBnB en cliquant ici.

Le quartier Nagamachi

Un autre quartier ne pas manquer lors de votre visite à Kanazawa est le quartier de Nagamachi. Il s'agit d'un ancien quartier de samourai extrêmement bien préservé. Avec un peu de pluie, on se croit directement plongé dans le Japon d'un autre temps.

Le temple ninja

Un peu plus à l'est se trouve le temple myoru-ji, également appelé "le temple des ninja". Contrairement à ce que son nom le laisse entendre, il n'a rien à voir avec les ninja, puisqu'il s'agissait de la résidence de riches samurai. Mais son surnom lui vient de son architecture... particulière et unique au Japon !

Portes dérobées, passages secrets, astuces architecturales pour contourner les règles imposées par le shogunat de l'époque... le temple est définitivement un cabinet de curiosité très intéressant à faire. Le seul soucis... leur gestion des visites !

Il est tout d'abord obligatoire de réserver une visite guidée (bien qu'en étant tout seul, j'ai pu rejoindre un groupe sans réserver). La réservation se fait uniquement par téléphone et... en japonais uniquement ! La visite en elle-même se fait au pas de course avec un guide certes très intéressant mais qui trace. Pour les étrangers, il faudra vous contenter d'un tout petit manuel (disponible en anglais et en français). Le guide parle tellement vite que je ne comprenais quasiment rien en Japonais non plus... !

Bref, il y a encore des efforts à faire pour rendre cette visite plus accessible, mais même sans parler Japonais, n'hésitez pas à y faire un petit tour, surtout que ce n'est pas très cher (1000 yen).

Katamachi, le quartier du divertissement

Une ville japonaise ne serait pas japonaise sans son quartier du divertissement. Tokyo a Shibuya, Osaka a Dotonbori, Sapporo a Susukino, Kanazawa a Katamachi ! Sur un périmètre assez petit, vous y trouverez des milliers (si si !) de restaurants, izakaya, karaoke... et évidemment les "établissements pour adulte" qui s'affichent sans complexe et qui font la caractéristique des villes japonaises la nuit.

En plein coeur de Katamachi, je vous conseille de vous perdre dans le petit quartier de Mishokugai (味食街 en japonais). Sur deux rues s'enchainent une vingtaine d'izakaya construits dans des petites cabanes en taule dont on se demande comment elles ont pu résister ! On y retrouve une ambiance de Japon à l'ancienne.

S'il est très agréable de s'y balader, il est peut-être plus compliqué de s'y arrêter. Malgré le fait de parler Japonais (loin d'être bilingue, mais suffisamment pour les conversations "d'izakaya" :D), j'ai été refusé à deux reprises pour motif d'être étranger (et pas forcément de manière très sympathique), avant d'abandonner. C'est évidemment illégal et pas forcément très agréable, surtout que ça ne m'était jamais arrivé en 8 mois au Japon, même si je peux comprendre leur volonté de réserver les rares sièges (tout au plus 6 par resto) à la clientèle japonaise. Mais sur le lot, certains doivent bien accepter les étrangers, donc n'hésitez pas à tenter votre chance !

Comment aller à

Mishokugai (味食街)

Où manger à Kanazawa ?

Comme partout au Japon, le nombre de restaurants y est absolument dantesque (surtout vers Katamachi). Voici toutefois deux petites adresses qui valent le coup :

Fuwari (風和利)

Petit restaurant à une dizaine de minutes à pied de la gare, ne soyez pas étonné en y rentrant de ne voir... que des européens ! Le restaurant a en effet été listé sur un site comme l'un des 10 restaurants à faire, la force d'Internet ayant fait le reste. Si la population ne fait donc pas très locale, l'assiette elle l'est ! L'assiette de sashimi est à tomber, et les fruits de mer y sont excellents. Attention toutefois à l'addition, les quantités étant petites, on a tendance à commander pas mal... et à terminer avec une addition assez salée !

Comment aller à

Fuwari - 風和利

La Chic

A à peine 20 mètres de Fuwari, vous ne pourrez pas passer à côté du restaurant "La Chic" et son ambiance de bistro d'un Paris qui n'existe presque plus ! Même si je me suis très bien fait à la nourriture locale, je vais une à deux fois par mois dans un resto français, et je suis systématiquement étonné de leur maîtrise de notre gastronomie, alors que la plupart n'y n'ont jamais mis les pieds.

Ce n'est pas le cas du chef de La Chic, qui a travaillé un an dans le sud de la France (mais, il ne parle que quelques mots... !), avant de retourner à Kanazawa y ouvrir son bistro. Les prix sont très accessibles, on y trouve du bon vin, du bon pain, des desserts, du bon café... de temps en temps, ça fait du bien ;).

Conclusion

J'ai pu passer un petit mois à Kanazawa, et je dois avouer avoir été très agréablement surpris par cette ville. Même si le tourisme commence à augmenter, on est très loin de Kyoto et on y retrouve un caractère bien plus authentique. Sans conseiller à remplacer Kyoto par Kanazawa, je n'hésiterais pas à inclure cette ville pour un premier voyage au Japon. Depuis Tokyo, il est en effet facile d'aller à Kanazawa par le Shinkansen, puis depuis Kanazawa, prendre le train "Thunderbird" qui relie la ville jusqu'à Osaka en 2h30.

De plus, Kanazawa est idéalement placé pour visiter la préfecture d'Ishikawa.